Quel plaisir d'aller à un bon concert au fin fond de la province sans se taper des bornes et des bornes, quel plaisir d'y rencontrer de sympathiques pirates d'outre-tombe, des vikings belges et des gourous roumains.
Premier lever de rideau: Toter Fisch, groupe tourangeau porté sur le pirate metal (hé oui!). Lever de radeau donc. Devant un public local acquis à leur cause de flibustiers écumeurs des tremplins du coin, les tourangeaux ont fait leur job: chauffer la salle en jouant tour à tour les morceaux black-death à ascendance folkorique de leur premier EP (Blood, Rum & Piracy). D'un circle-pit dans une avant scène de 10m2 jusqu'à un chevelu du premier rang pendu haut et court, ils ont su mettre les ingrédients pour gagner l'adhésion des corbeaux venus secouer la tête ce soir (une bonne grosse centaine). Un groupe que je m'efforcerais de suivre tant leur univers est sympathique et frais, chose de plus en plus rare dans un genre bien souvent refermé sur soi-même.
Temps mort. Bière. Il va de soif.
Second groupe: Saille, des belges vikings à souhait, balançant un black atmosphérique bien à l'ancienne, droit au but, qui fait le boulot mais sans vraiment parvenir à toucher une salle composée de Toter Fisch et de ses potes d'un côté et de fans de Negura Bunget de l'autre. Bien dommage car le dernier album est assez énorme (Eldritch).
Temps mort. Vous savez quoi.
Tête d'affiche: Negura Bunget. "Je vais voir un groupe de black metal roumain ce soir". Essayez de prononcer cette simple phrase et vous verrez, le tri va se faire autour de vous. Voir le vide. Tibor Kati tortille ses mains au dessus de son micro et des ombres de grand cerf dansent sur les murs. Il est difficile de décrire ce que l'on ressent pendant un concert de Negura Bunget tant le spectacle tient du rite tribal ou shamanique. Dans une salle parfumée d'encens, les roumains ont déployé de profondes mélopées gutturales plongeant les auditeurs dans un univers où l'homme retrouve sa place originelle, entourée d'une nature hostile et belle, dangereuse et nourricière, une place qu'il n'aurait jamais du perdre et qu'il a perdu à force de vouloir être un dompteur des éléments. Le métal de Negura Bunget est organique et il prend aux tripes. Gabriel Mafa ("Negru") est un batteur hallucinant. Il contribue à donner au son du groupe ce mysticisme si caractéristique de NB. S'ajoute à cela la guitare d'Adrian Neague alias Oq, troisième tête du groupe, longue chevelure grasse au bord des dreads, qui sait jouer juste, en étirant les notes sans jamais verser dans la surenchère et donc la fausse note (le risque du toujours trop guette, surtout en live). Au beau milieu d'une tournée européenne forte de 60 dates pour défendre Tau, le dernier opus, les Negura Bunget sont apparus au sommet de leur forme.
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